L’Anses publie la méthodologie d’évaluation des alternatives aux néonicotinoïdes
Dans le cadre de l’application de la loi « Pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages », l’Anses a été saisie par le Ministère en charge de l’agriculture afin de réaliser une évaluation mettant en balance les risques et les bénéfices des préparations phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes et de leurs alternatives chimiques et non chimiques. Elle a également été saisie pour réaliser en complément une évaluation de l’impact des néonicotinoïdes sur la santé humaine par les ministères en charge de la santé, de l’environnement et de la biodiversité. L’Agence publie ce jour la méthodologie qu’elle a élaborée dans le but d’identifier les alternatives à ces produits et de comparer leur efficacité et leur opérationnalité. Cet avis intermédiaire sera suivi d’ici fin 2017 de travaux complémentaires portant sur l’identification, l’efficacité, les risques pour la santé et l’environnement des méthodes de lutte alternatives, pour l’ensemble des usages existants des néonicotinoïdes, ainsi que sur l’impact de l’ensemble des substances actives néonicotinoïdes sur la santé humaine.
La loi « Pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » du 8 août 2016 (article 125) prévoit l’interdiction des produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes ainsi que des semences traitées avec ces produits à compter du 1er septembre 2018. La loi prévoit également que des dérogations pourront être accordées jusqu’au 1er juillet 2020 sur la base d’un bilan établi par l’Anses qui compare les bénéfices et les risques liés aux usages de ces produits avec ceux de produits de substitution ou de méthodes alternatives. La loi stipule que ce bilan porte sur les impacts sur l’environnement, notamment sur les pollinisateurs, sur la santé publique et sur l’activité agricole.
Dans ce contexte, l’Anses a été saisie en mars 2016 par le Ministère en charge de l’agriculture afin de réaliser une évaluation mettant en balance les risques et les bénéfices des préparations phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes et de leurs alternatives chimiques et non chimiques.
Les questions posées par cette demande sont multiples et recouvrent 3 champs distincts : l’agronomie (impact des nuisibles ; identification, efficacité, opérationnalité des alternatives), l’évaluation des risques pour la santé humaine et l’environnement, ainsi que évaluation de l’impact sur l’activité agricole.
Aucune méthodologie validée n’existe aujourd’hui pour identifier ces alternatives et permettre la comparaison de leur efficacité et de leur opérationnalité avec celles des néonicotinoïdes. L’Agence publie ce jour une méthodologie permettant de répondre à cette question, validée sur une étude de cas : l’usage des néonicotinoïdes sur la cicadelle de la vigne.
La méthodologie qui a été adoptée vise 3 objectifs : i) évaluer la nuisibilité des organismes cibles pour les cultures, ii) identifier des méthodes de lutte alternatives pour la protection des cultures, iii) évaluer l’efficacité des méthodes identifiées.
L’Agence a tout d’abord inventorié les produits à base de néonicotinoïdes disponibles pour traiter la cicadelle de la vigne et identifié les alternatives à ces traitements, qu’elles soient déjà opérationnelles ou fassent encore l’objet de recherches. Des auditions ont été menées afin de compléter ces données.
La grille d’analyse retenue permet de comparer de manière cohérente et systématique les méthodes de lutte alternatives, pour chacun des usages des néonicotinoïdes, sur la base de quatre critères : l’efficacité, l’opérationnalité, la durabilité et la praticité de chaque méthode considérée.
L’Anses poursuit son travail qui conduira à appliquer cette méthodologie à l’ensemble des usages des néonicotinoïdes et à évaluer les impacts sur la santé humaine, l’environnement, notamment les pollinisateurs, et l’activité agricole de l’ensemble des alternatives identifiées.
Concernant l’impact sur la santé humaine des néonicotinoïdes, l’Anses a également reçue une saisine des Ministères en charge de la santé, de l’environnement et de la biodiversité en avril 2016, afin de « réaliser en complément une expertise approfondie concernant les effets sur la santé humaine de l’ensemble des substances néonicotinoïdes autorisées à ce jour au niveau national en tant que produit phytopharmaceutique ou biocide ».
Les résultats de ces travaux seront publiés d’ici la fin de l’année 2017.