L’ambroisie, une plante envahissante qui pose problème pour la santé et l’agriculture
Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie s’est propagée en Europe particulièrement ces dernières décennies. Son pollen est à l’origine d’allergies : entre 1 et 3,5 millions de personnes seraient allergiques à l'ambroisie en France. Qu'est-ce que l’ambroisie ? Où est-elle présente sur notre territoire ? Quelles sont les conséquences pour l’agriculture ? Existe-t-il des moyens pour lutter contre sa propagation ? On fait le point.
Qu’est-ce que l’ambroisie ?
L’ambroisie est un genre de plante qui comprend une quarantaine d’espèces différentes, principalement originaires du continent américain. La plus connue et la plus répandue est l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.), qui est une plante envahissante, introduite dans de nombreuses régions du monde dont la France et une grande partie de l’Europe. Trois autres espèces ont également été introduites en France hexagonale: l'ambroisie trifide (Ambrosia trifida L.), l'ambroisie à épis lisses (Ambrosia psilostachya DC.) et l’ambroisie à feuilles fines (Ambrosia tenuifolia Spreng.). Elles sont considérées comme des plantes envahissantes émergentes pour lesquelles l’Anses recommande également des actions.
Quels sont les effets des pollens d’ambroisie sur la santé ?
Dans une expertise publiée en 2014, l’Anses mettait en évidence que les pollens d’ambroisie comptent parmi les plus problématiques en France. Le pollen de cette plante est en effet très allergisant (rend allergique) et allergène (induit des symptômes d’allergie).
Le pollen d’ambroisie entraîne les mêmes symptômes que d’autres pollens chez les personnes allergiques : éternuements, obstruction nasale, conjonctivite, rougeur, gonflement des paupières…. Ces symptômes impactent fortement la qualité de vie des allergiques en termes de conséquences pour la vie sociale et professionnelle par exemple.
L’allergie à l’ambroisie semble particulièrement invalidante en comparaison des autres allergies polliniques selon une consultation nationale réalisée auprès de professionnels de santé (Anses, 2020 – ambroisie).
En 2020, l’Anses a estimé qu’entre 1 115 000 et 3 504 000 personnes seraient allergiques au pollen d’ambroisie en France hexagonale et en Corse.
Quand a lieu le pic de pollinisation ?
Le pic de pollinisation a lieu entre mi-août et mi-septembre. Les allergies provoquées par le pollen d’ambroisie apparaissent donc plus tardivement que les autres allergies polliniques, notamment les graminées.
Où trouve-t-on de l’ambroisie ?
Originaire d’Amérique du Nord, a été identifiée dans le milieu naturel en Europe au milieu du 19ème siècle.
Aujourd’hui en France, les foyers principaux de l’allergie se situent dans les vallées du Rhône et de la Loire, ainsi que dans le Sud-Ouest, en particulier du Tarn-et-Garonne aux Charentes. Les populations d’ambroisie semblent toujours, et de plus en plus, en pleine progression et densification sur le territoire hexagonal. La plante est désormais présente sur l’ensemble du territoire avec des niveaux d’infestation variables. On distingue notamment trois types de zone d’infestation :
- les zones à forte infestation/implantation dont le Rhône, l’Isère, la Drôme mais aussi la Nièvre ou le Cher ou encore les Charentes et le Tarn-et-Garonne
- les zones de « front » situées à la limite de zones fortement infestées, à l’image de l’Yonne, du nord de la Côte-d’Or ou de l’ouest du Gard ;
- les zones encore très peu ou pas concernées telle que la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France.
Bien qu’elle soit recensée en Guadeloupe et Martinique, l’espèce n’y est pas considérée envahissante.
Comment l’ambroisie se propage-t-elle ?
Sa propagation est favorisée par certaines activités humaines : le transport de sol ou de semences contaminés par l’ambroisie, les machines agricoles et/ou de fauchage, l’alimentation animale, etc.
L’ambroisie à feuilles d’armoise se développe préférentiellement :
- dans certaines cultures agricoles comme par exemple celles de tournesol, de soja ou de maïs, avec pour conséquences des pertes importantes de rendement ;
- d’autres milieux tels que les bords des cours d’eau, les bords de route, etc.
Quel est le coût des impacts sur la santé de l’ambroisie ?
En 2020, l’Anses a estimé les coûts de l’impact sanitaire associé à l’ambroisie à l’échelle nationale :
- la prise de charge médicale (les médicaments et les consultations par exemple) coûterait entre 59 millions et 186 millions d’euros chaque année ;
- les pertes de production, basés sur les arrêts de travail, coûteraient entre 10 millions et 30 millions d’euros par an.
Un accroissement de ces coûts est attendu à l’avenir, en raison de l’élargissement des zones infestées par l’ambroisie et d’une augmentation des niveaux de pollens dans l’air ambiant, notamment en lien avec le changement climatique.
Quels sont les impacts de l’ambroisie sur l’agriculture ?
La croissance rapide de l’ambroisie peut avoir un impact notable sur le rendement de certaines cultures du fait de la compétition pour les ressources. Ceci est particulièrement vrai pour les cultures de tournesol, qui est une espèce proche de l’ambroisie dans la classification botanique (tribu des Helianthae). Cette proximité des deux espèces rend l’élimination de l’ambroisie difficile, que ce soit par des moyens chimiques ou par le tri des graines.
La perte économique dans l’Union européenne due à la diminution de la production agricole causée par l’ambroisie a été estimée en 2011 à 1 846 millions d’euros par an.
La propagation de l’ambroisie a t-elle une incidence sur la biodiversité ?
La présence de l’ambroisie ne semble pas avoir d’effet significatif sur la diversité végétale des milieux naturels colonisés. Ainsi, une étude de 2014 a compté 9,9 espèces en moyenne sur 4 m² sur les berges de rivières envahies par l'ambroisie et 10,6 espèces dans les placettes voisines non colonisées. Plusieurs facteurs pourraient expliquer l’absence d’effet de l’ambroisie sur la biodiversité : il s’agit d’une plante annuelle, ce qui l’empêche de former des colonies denses et persistantes au même endroit. De plus, elle colonise de préférence des sites perturbés, où les communautés végétales repoussent chaque année à partir des graines stockées dans le sol.
Comment agir pour limiter sa propagation ?
Particuliers :
- dans votre jardin : l’arracher avant la floraison (fin d’été) et veiller à déraciner le plant tout en portant des gants. Ne pas le faire si on est allergique ou sensible ;
- hors de votre propriété ou s’il y en a beaucoup, la signaler sur : signalement-ambroisie.fr
Bâtiments et travaux publics, monde agricole :
- adopter des bonnes pratiques relatives à la gestion de l’ambroisie comme le nettoyage des machines, la limitation des terres mises à nue, ou la gestion des terres contaminées…
Collectivités locales :
Agir localement dans les zones de front ou encore peu concernées par la présence d’ambroisie (dans le tiers nord de la France hexagonale) par la mise en œuvre dès maintenant d’une réglementation spécifique (arrêté préfectoral) et coordonnée en nommant un référent ambroisie chargé de la lutte sur le terrain.
Chrysomèle de l’ambroisie : une arrivée qui pourrait aider la lutte
La chrysomèle de l’ambroisie (Ophraella communa) a été repérée pour la première fois dans la région de Lyon en 2023. L’arrivée de ce coléoptère en France pourrait aider à lutter contre l’ambroisie et les allergies qu’elle provoque. En effet, cet insecte originaire d’Amérique du Nord et introduit accidentellement en Italie en 2013 s’attaque spécifiquement à l’ambroisie. Il entraîne une défoliation complète de la plante et une diminution de la production de grains de pollen et de semences. Dans une expertise publiée en 2019, l’Anses estimait que l’introduction de cet insecte dans l’ex-région Rhône-Alpes pourrait permettre une réduction de plus de 50 % du risque allergique et une baisse de 75 à 85 % des coûts de santé associés. Les dégâts causés par l’insecte sur d’autres plantes, notamment le tournesol, paraissent limités. De plus, les larves du coléoptère ne semblent pas pouvoir se développer sur d’autres plantes que l’ambroisie. Une surveillance est néanmoins nécessaire pour s’assurer qu’il ne s’adapte pas à des plantes indigènes.