La fièvre catarrhale ovine (FCO), ou Bluetongue en 5 questions
Maladie virale qui touche les ruminants, la fièvre catarrhale ovine n’affecte pas les êtres humains ni les denrées alimentaires. Transmise par un moucheron, elle peut engendrer d’importantes pertes économiques dans le domaine de l’élevage. La vaccination est le moyen de prévention le plus efficace mais représente un coût élevé. Profil de la maladie et tour d’horizon des travaux de l’Anses, acteur majeur pour lutter contre ce virus.
Qu’est-ce que la fièvre catarrhale ovine ?
La fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue ou en anglais « Bluetongue » (BT), est une maladie virale touchant majoritairement les moutons et qui peut également affecter les bovins, les chèvres et d'autres ruminants sauvages. Le virus responsable de la FCO est un Orbivirus de la famille des Sedoreoviridae. Il existe 36 types différents de ce virus, appelés sérotypes. Le pouvoir pathogène du virus varie considérablement d’une souche à l’autre. La maladie est une arbovirose : les sérotypes 1 à 24 du virus sont transmis d'un animal infecté à un autre par une piqûre d'un moucheron du genre Culicoïdes.
Le saviez-vous ?
La fièvre catarrhale du mouton est une maladie répertoriée dans la liste des maladies du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et doit à ce titre faire l’objet d’une déclaration obligatoire auprès de l’OMSA. Son apparition sur un territoire entraîne des restrictions commerciales sévères qui concernent les animaux des espèces sensibles à la maladie (ovins, bovins, caprins principalement) et leur semence, ovules et embryons.
Comment se manifeste la fièvre catarrhale ovine ?
Cette maladie strictement animale n’affecte pas l’être humain et n’a aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées issues des animaux malades : viande, lait, etc. Les symptômes sont : fièvre, troubles respiratoires, salivations, œdème de la face, cyanose de la langue. La maladie peut aussi être asymptomatique. Certaines souches virales provoquent des retards de croissance chez les animaux malades, la mort de certains animaux et des avortements chez les femelles infectées, entraînant d'importantes pertes économiques pour les éleveurs.
Où est présente la fièvre catarrhale ovine ?
Décrite pour la première fois en Afrique du sud, la FCO s’est étendue progressivement vers le nord depuis plusieurs décennies, probablement en raison du réchauffement climatique et des échanges commerciaux internationaux. En effet, la transmission de cette maladie ainsi que son extension géographique sont étroitement liées à la présence des populations de moucherons piqueurs du genre culicoïdes, qui jouent le rôle de vecteurs et dont le développement est favorisé par des températures élevées. La maladie est aujourd’hui présente sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.
En 2006, elle a fait son apparition dans le nord de l’Europe : Allemagne, Belgique, Pays-Bas et s'est ensuite très vite diffusée à la France. Jusqu’en 2010, l’Europe du Nord-Ouest a vécu plusieurs épizooties de fièvre catarrhale ovine provoquée par le sérotype 8 (ou BTV-8, pour bluetongue virus) et le sérotype 1. En 2017, un virus de sérotype 4 a été détecté par le laboratoire national de référence sur la FCO porté par l’Anses. Ce sérotype a ensuite diffusé dans l’ensemble de la France continentale. Un nouveau sérotype, le sérotype 3 est arrivé en Europe fin 2023. Il affecte principalement les ovins, chez lesquels il entraine d’importantes mortalités. Ce sérotype a été détecté début août 2024 en France et est également présent aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg.
Quels sont les moyens pour prévenir et lutter contre les virus de la FCO ?
La mesure de lutte la plus efficace connue à ce jour est la vaccination. Des mesures peuvent aussi être mises en place pour freiner la propagation du virus lors de la détection de foyers. Elles consistent à restreindre la circulation des animaux sensibles à la FCO et présents dans une zone de 150 km autour du foyer. Les animaux doivent avoir fait l’objet d’un traitement de désinsectisation deux semaines avant leur départ et être négatifs à la maladie pour pouvoir être transportés vers le reste du territoire national.
Ces mesures et les campagnes de vaccination à virus inactivés dirigés contre les sérotypes 1 et 8, sur le territoire continental français entre 2008 et 2010 ont permis de ralentir la maladie en France. À partir de 2015, la réapparition des deux sérotypes (8 en 2015 et 4 en 2017) n’a pas pu être maîtrisée par la vaccination, faute de vaccins inactivés disponibles en quantités suffisantes. En août 2024, une campagne de vaccination du cheptel français contre le sérotype 3 a été décidée pour faire face à la détection du virus dans des pays frontaliers puis dans le nord de la France.
Quel est le rôle de l’Anses pour éviter la propagation de la FCO ?
Depuis 2011, l’Anses a développé une expertise dans le domaine de la FCO. Se basant notamment sur les compétences disponibles, les structures dédiées et l’expérience acquise, l'Agence a mis en œuvre un ensemble de travaux permettant de faire face aux besoins en matière de diagnostic, de surveillance épidémiologique, de vaccinologie.
Laboratoire national de référence (LNR) pour le diagnostic de la FCO
Le laboratoire Anses de santé animale de Maisons-Alfort assure le diagnostic virologique (détection du génome viral par PCR, typage, isolement viral) ainsi que le diagnostic sérologique.
Dans le cadre de ses activités de référence, le laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort développe des techniques de diagnostic par PCR et anime le réseau des laboratoires vétérinaires départementaux pour le diagnostic moléculaire. La technique de PCR en temps réel, développée au laboratoire, a ainsi été transmise aux laboratoires vétérinaires. Le LNR FCO de l’Anses participe au réseau animé par le Laboratoire Communautaire de référence pour la FCO hébergé par le laboratoire d’Algete en Espagne.
L’Anses est également fortement impliquée dans la Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale, qui s’assure de l’adéquation entre les dangers sanitaires présents ou qui menacent le territoire et les dispositifs mis en place pour surveiller ces dangers.
Travaux de recherche sur la FCO
Depuis plusieurs années, le laboratoire de santé animale de l’Anses mène divers travaux de recherche sur la FCO. Ceux-ci visent notamment à :
- caractériser au niveau moléculaire les souches de FCO présentes en France
- améliorer la surveillance de la FCO et de la maladie hémorragique épizootique, causée par un virus proche de celui de la FCO ;
- produire des protéines servant à détecter spécifiquement les sérotypes 4, 8 et 3 du virus de la FCO lors de tests ELISA ;
- déterminer la présence des virus de la FCO et de la MHE dans les territoires d’Outre-mer et caractériser les souches isolées ;
- développer des tests rtRT-PCR Haut débit pour la détection et le typage du virus de la FCO
- étudier les interactions du virus avec les cellules de l’animal infecté.
Évaluation des risques liés à la FCO
L'Agence est régulièrement sollicitée par le ministère chargé de l’Agriculture pour analyser la situation sanitaire, évaluer les risques liés à la FCO et proposer et évaluer des évolutions des mesures de surveillance et de lutte, à l'échelle nationale et parfois locale. Ses avis ont permis d'identifier un certain nombre de besoins de recherche visant à une meilleure évaluation du risque et une meilleure maîtrise de la diffusion du virus. Plusieurs recommandations relatives à la surveillance, aux mesures de lutte et de prévention ont également été formulées.
Évaluations et autorisations des vaccins contre la FCO
L'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) évalue et le cas échéant délivre les dossiers nationaux et européens d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'ensemble des médicaments vétérinaires. Les vaccins contre la FCO disposant actuellement d'une AMM sont des vaccins inactivés contenant un seul sérotype (sérotype 1 ou 8) ou deux sérotypes (sérotypes 1-8 ou 2-4). Ils sont destinés aux bovins et/ou aux ovins et permettent de prévenir ou de réduire la virémie et dans certains cas, de réduire les signes cliniques causés par le virus de la FCO. Suite à la contamination d’élevages par le sérotype 3 en Belgique et en Allemagne, l’ANMV a délivré en juillet 2024 des autorisations temporaires d’utilisation (ATU) pour des vaccins contre ce sérotype.