Méthylmercure : un risque pour la santé en cas de consommation importante de poissons
À haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance. La consommation de poisson constitue la principale source d'exposition alimentaire au méthylmercure. Au regard des bénéfices nutritionnels liés à la consommation de poissons, l’Agence a évalué les risques liés à cette substance afin de déterminer des recommandations de consommation de poisson sans risque pour la santé à cet égard.
Qu'est-ce que le mercure et le méthylmercure ?
Le mercure est un métal présent naturellement à l'état de traces dans l'environnement. Essentiellement rejeté par croute terrestre dans l'air, il se disperse ensuite dans les sols, les eaux et les sédiments. Il se diffuse aussi dans la nature du fait des rejets engendrés par les activités humaines : exploitation minière, métallurgie, transformation de pâte à papier, combustion des déchets et des combustibles fossiles en particulier. Très volatil sous sa forme élémentaire, le mercure peut se transformer en méthylmercure à la suite de réactions chimiques lorsqu’il rejoint le compartiment aquatique. Cette forme est toxique, facilement absorbable et accumulable par l’organisme. Présent à de faibles concentrations dans l'eau ou les sédiments le méthylmercure peut se concentrer très fortement dans les organismes aquatiques. Sa teneur a tendance à s'élever au fil de la chaîne alimentaire, à chaque fois qu'une espèce en mange une autre.
Quels sont les effets du méthylmercure sur la santé ?
Le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, en particulier durant le développement in utero et au cours de la petite enfance. Cette substance peut ainsi provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez les enfants exposés in utero ou après la naissance, même en l'absence de signes de toxicité chez la mère. C’est la raison pour laquelle des recommandations spécifiques destinées aux femmes enceintes ou allaitantes, ainsi qu'aux enfants de moins de 3 ans ont été définies.
Quelle est la principale source d’exposition au méthylmercure ?
La consommation de poisson constitue la principale source d'exposition alimentaire de l’être humain au méthylmercure. Le niveau de contamination des poissons varie selon les espèces. Il a tendance à être plus élevé chez les poissons prédateurs et grands prédateurs, qui se situent en haut de la chaîne alimentaire.
Quelles sont les recommandations de consommation ?
Le risque lié à l’exposition au méthylmercure ne constitue en général pas un problème majeur de santé publique en France hexagonale. Cependant, des consommateurs, adultes comme enfants, très réguliers de poissons prédateurs sauvages (plus d’une portion par semaine) peuvent présenter des niveaux d’exposition dépassant la dose hebdomadaire tolérable déterminée par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Cette dose correspond à la quantité ingérée par semaine au-delà de laquelle les risques pour la santé ne peuvent pas être écartés. Au regard des bénéfices nutritionnels liés à la consommation de poissons (acides gras essentiels, protéines, vitamines, minéraux et oligoéléments), l'Agence recommande :
- de consommer du poisson 2 fois par semaine en associant un poisson gras à forte teneur en acides gras oméga-3 (saumon, sardine, maquereau, hareng) et un autre poisson (colin, merlu, cabillaud, sole, etc.) ;
- de diversifier les espèces de poissons consommées et les lieux d’approvisionnement (sauvage, élevage, lieux de pêche, etc.).
Pour les femmes enceintes et allaitantes et les enfants en bas âge (moins de 3 ans), l'Agence recommande de prendre des précautions particulières :
- limiter la consommation de poissons prédateurs sauvages, susceptibles d'être fortement contaminés : thon, bonite, raie, dorade, loup (bar), lotte (baudroie), empereur, grenadier flétan, sabre, brochet, etc.
- éviter de consommer les poissons « grands prédateurs » les plus contaminés : requins, lamproies, espadons, marlins (proche de l'espadon) et sikis (une variété de requin).
Dans une expertise réalisée en 2019, l’Agence a émis des recommandations spécifiques pour les poissons pêchés en Nouvelle-Calédonie. En effet, certains poissons de haute mer (pélagiques) pêchés au large de ce territoire présentent des concentrations élevées en méthylmercure.
Au-delà des évaluations de l’Anses et de ses recommandations, la situation de l’exposition réelle de la population et de différents sous-groupes de cette population au méthylmercure est suivie par Santé publique France dans le cadre de sa mission de biosurveillance. L’étude ESTEBAN (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) a ainsi rendu compte en 2021 des résultats de biosurveillance de la population française pour différents métaux, dont le méthylmercure. Ces résultats permettent à la fois d’apprécier l’évolution dans le temps et de situer les niveaux d’imprégnation de la population, qui traduisent l’exposition à ces métaux par toutes les voies, dont l’alimentation.