Evaluation des dangers de composés de la famille des bisphénols
Profil toxicologique et étude de filières des bisphénols autres que le bisphénol A
A la demande du ministère chargé de la santé, l’Agence a conduit depuis 2009 un travail d’expertise d’envergure sur une trentaine de substances identifiées comme reprotoxiques de catégorie 2 ou/et perturbateurs endocriniens pour la reproduction et la fertilité.Parmi les substances listées en vue d’une expertise, au regard de leur caractère perturbateur endocrinien potentiel, figuraient, en plus du bisphénol A, les bisphénols B, M et le bisphénol A diglycidyléther (BADGE). Par ailleurs, dans le cadre de sa recherche de substituts potentiels au bisphénol A, l’Agence a estimé pertinent de s’intéresser à d’autres composés tels que le bisphénol S, le bisphénol AF et le bisphénol AP . Un rapport dédié a ainsi été réalisé afin d’évaluer les dangers potentiels de ces différents substances et la possibilité de réaliser une évaluation des risques sanitaires.
Dans le cadre de l’expertise qu’elle a conduit depuis 2009 à la demande du ministère chargé de la santé sur les substances identifiées comme reprotoxiques de catégorie 2 et/ou perturbateurs endocriniens, l’Agence a été chargée d’évaluer les dangers potentiels d’un certain nombre de composés de la famille des bisphénols (ou apparentés) : le bisphénol A, le bisphénol B, le bisphénol M, le BADGE, le bisphénol S, le bisphénol AF et le bisphénol AP.
Afin d’évaluer la toxicité de chacune de ces substances, notamment sur la fonction de reproduction et la fonction endocrine, une revue de la littérature a été conduite et les études épidémiologiques et expérimentales ont été analysées. Les profils toxicologiques élaborés pour ces différents composés de la famille des bisphénols (ou apparentés) figurent dans le rapport « Substances reprotoxiques et perturbateurs endocriniens Composés de la famille des bisphénols : bisphénols M, S, B, AP, AF, F et BADGE » (PDF) (Anses 2013).
Conclusions
Toutes les substances expertisées partagent une structure chimique commune aux composés de la famille des bisphénols qui leur confère des propriétés oestrogéniques, c'est-à-dire similaire à celles des œstrogènes, hormones synthétisées notamment par les ovaires et impliquées dans la régulation du cycle menstruel, le développement pubertaire et le maintien ultérieur des caractères physiques féminins ou encore durant la croissance (constitution et solidification de la trame des os).
Une attention particulière devrait ainsi être portée lors de l’utilisation des bisphénols S, F, M, B, AP, AF et BADGE dans certains domaines. En effet, l’activité oestrogénique qui est commune à cette famille de composés pourrait s’avérer néfaste pour le consommateur.
D’après les conclusions des profils toxicologiques des composés analysés, et sous réserve d’une analyse plus approfondie de leur utilisation, des études supplémentaires seraient nécessaires pour évaluer leurs dangers dans le but d’obtenir des profils toxicologiques plus complets et comparables. L’Agence a ainsi formulé substance par substance des recommandations de recherche visant à compléter les données sur la toxicité de ces substances.
Concernant les usages de ces bisphénols, parmi les sept composés analysés, trois sont des substituts potentiels du bisphénol A. Il s’agit du BPS, du BPF et du bisphénol AP.
D’après le rapport d’étude sur les alternatives au bisphénol A réalisé par l’Anses, ces 3 molécules sont utilisées comme substituts au bisphénol A en tant que révélateur dans les papiers thermiques. Le BPS sert également de monomère de départ pour la synthèse du polyéthersulfone (PES), qui est notamment utilisé pour la fabrication de biberons et de vaisselle pour enfants. Les autres composés (BPB, BPM, bisphénol AF et BADGE) n’ont pas été identifiés dans ce rapport comme substituts du bisphénol A. Les informations recueillies jusqu’à présent tendent à montrer que le BPB, BPM et le bisphénol AF sont utilisés pour la synthèse de polymères. Le BADGE, quant à lui, est utilisé pour la synthèse de certaines résines époxydes pouvant être retrouvées dans le revêtement intérieur de contenants alimentaires.
Recommandations
Le travail réalisé par l’Agence fait ressortir le fait que les données toxicologiques disponibles ne sont pas suffisantes pour évaluer la toxicité des bisphénols M, S, B, AP, AF, F et BADGE. De même, les données concernant les préparations et/ou articles contenant les bisphénols M, B, S et BADGE, ainsi que les contaminations environnementales potentielles engendrées par ces composés sont trop parcellaires pour permettre une évaluation de l’exposition de la population générale.
Au final, il n’est donc pas possible de conduire une évaluation des risques sanitaires liés à une utilisation de ces composés dans des produits de consommation, ce qui doit inciter à la plus grande prudence en matière de substitution par ces composés.