Nutrition des enfants, des personnes âgées et des femmes enceintes ou allaitantes : l’Anses alerte sur l’apport excessif de sucres chez les enfants et souligne les bénéfices de l’activité physique pour les personnes âgées
Les nourrissons, les enfants et adolescents, les femmes enceintes et allaitantes, les femmes ménopausées et les personnes âgées présentent des spécificités physiologiques qui justifient une alimentation adaptée. L’Anses publie ce jour quatre avis d’expertise sur la nutrition de ces populations et propose des repères alimentaires adaptés à leurs spécificités en complément des repères de 2017 élaborés pour la population générale adulte. Ces repères constituent les bases scientifiques qui permettront la mise en place de mesures de santé publique afin de garantir une nutrition de qualité pour prévenir certaines maladies chroniques. Par des travaux à venir du Haut Conseil de la santé publique et de Santé publique France, les repères de l’Anses seront traduits en recommandations puis en messages sanitaires adaptés à chaque catégorie de population afin de permettre leur diffusion et leur appropriation.
Dans le cadre du Programme national nutrition santé, l’Anses est chargée d’élaborer les repères alimentaires pour la population adulte et les populations spécifiques. Ces repères constituent les fondements scientifiques sur lesquels s’appuient les politiques et recommandations de santé publique en matière d’alimentation.
En 2017, l’Anses a élaboré, pour les principaux groupes d’aliments, de nouveaux repères permettant de couvrir les besoins nutritionnels de la population adulte générale tout en prévenant les risques de maladies chroniques et en limitant l’exposition à certains contaminants chimiques présents dans l’alimentation.
En complément, l’Agence publie aujourd’hui quatre nouveaux avis relatifs aux repères alimentaires de populations spécifiques, à savoir les enfants de 0 à 3 ans, de 4 à 17 ans, les personnes âgées et les femmes enceintes ou allaitantes. Les experts de l’Anses ont pris en compte les spécificités et les besoins nutritionnels de chacune de ces populations, et, pour les plus de 3 ans, les données épidémiologiques ainsi que les données des apports nutritionnels actuellement observés en France.
Les résultats de l’expertise soulignent d’une part que les risques sanitaires liés à la nutrition sont spécifiques à chacune des populations étudiées et d’autre part que ces risques peuvent être limités grâce à une alimentation saine et variée.
L’Agence conclut que, d’un point de vue qualitatif, dès l’âge de 4 ans, les repères alimentaires définis pour les adultes permettent de couvrir les besoins nutritionnels des populations spécifiques moyennant des ajustements, souvent simples. L’Anses propose donc des repères spécifiques afin de couvrir les besoins de toutes ces populations.
La diversification alimentaire du nourrisson : une étape essentielle
L’alimentation des nouveau-nés et des tout-petits comprend différentes étapes de transition : une alimentation ombilicale qui passe à une alimentation orale à base uniquement de lait, puis l’introduction d’aliments variés et notamment solides (1re phase de diversification) et enfin le passage aux aliments de la table familiale (2e phase de diversification).
Dans son avis sur les enfants de 0 à 3 ans, l’Anses précise les pratiques de diversification permettant de favoriser l’acceptation de nouveaux aliments :
- un début de la diversification entre 4 mois révolus et pas après 6 mois ;
- l’offre d’un maximum d’aliments variés entre 5 et 18 mois, fenêtre favorable d’acceptation de nouveaux aliments ;
- la présentation répétée d’un aliment initialement refusé ;
- l’importance accordée au moment des repas.
Par ailleurs, de nombreux produits ciblant les jeunes enfants peuvent contribuer à leur apporter des quantités excessives de sucres totaux. Ainsi, l’Anses souligne l’importance d’établir des critères de teneur en sucres pour que ces produits soient adaptés aux jeunes enfants.
Enfants de 4 à 17 ans : alerte sur la consommation excessive de sucres
Chez les enfants à partir de 4 ans, l’Anses alerte sur les apports excessifs en sucres en particulier chez les plus petits et appelle les pouvoirs publics à mettre d’urgence en place des mesures afin de réduire les risques encourus.
L’Agence met notamment l’accent sur deux leviers prioritaires : les boissons sucrées et les pâtisseries-biscuits-gâteaux, fréquemment proposés au moment du goûter. En effet, ces aliments sont riches en sucres et présentent un faible intérêt nutritionnel. Il convient de les substituer par d’autres aliments plus intéressants qualitativement tels que les produits laitiers sans sucres ou d’autres aliments riches en calcium ainsi que des fruits frais (c’est-à-dire non transformés) et des fruits à coque.
L’Anses attire également l’attention sur la nécessité de réduire les « sucres ajoutés » présents dans de nombreux produits transformés et souligne l’intérêt des préparations faites « maison » qui permettent de mieux prendre conscience des apports en sucres et de les contrôler.
Femmes enceintes et allaitantes : des aliments bénéfiques pour la santé de la mère et de l’enfant
Dans son avis, l’Anses met en évidence des groupes d’aliments présentant des bénéfices spécifiques pour la santé de la mère et de l’enfant pendant la grossesse ou l’allaitement maternel : produits laitiers, fruits et légumes et poissons. Consommer ces aliments permet également de couvrir les besoins en certains nutriments indispensables pour ces populations tels que le fer, l’iode, la vitamine B9 c’est-à-dire l’acide folique, et, uniquement pour les femmes allaitantes, les vitamines A et C.
L’Anses recommande aux femmes en âge de procréer de veiller à leur équilibre alimentaire sans attendre d’être enceintes afin d’assurer dès la conception un statut nutritionnel satisfaisant et compatible avec les besoins du fœtus et de la mère.
L’activité physique protège des maladies liées au vieillissement
L’Anses souligne des bénéfices liés à la pratique d’une activité physique pour assurer l’équilibre alimentaire des personnes âgées et prévenir certaines maladies liées au vieillissement. Au regard de la diminution des besoins énergétiques avec l’âge, maintenir les quantités habituellement consommées pour couvrir les besoins nutritionnels est possible en augmentant légèrement l’activité physique. Cela contribue, de plus, à la protection contre un grand nombre de maladies non transmissibles et, plus spécifiquement, contre les effets physiopathologiques du vieillissement tels que la sarcopénie, l’ostéoporose et le déclin cognitif.
Si, toutefois, il n’est pas possible d’augmenter l’activité physique et de diminuer les temps de sédentarité pour certaines de ces personnes, il est alors recommandé de diminuer légèrement les portions pour certains aliments sauf les fruits, légumes, poissons, mollusques, crustacés et féculents complets afin de couvrir les besoins nutritionnels.